« Pression des parents » sur la réussite scolaire : comment la gérer ?

Votre enfant révise-t-il pour lui ou pour vous ?

Cette question, simple en apparence, révèle parfois des dynamiques familiales complexes. L’amour inconditionnel des parents peut sembler évident. Dans certains cas, toutefois, l’enfant peut avoir l’impression qu’il doit obtenir de bons résultats pour le mériter. La pression des parents sur la réussite scolaire peut alors peser lourdement sur l’équilibre émotionnel des enfants.

Faut-il pour autant cesser d’avoir des attentes ? Bien sûr que non. Mais il est essentiel de comprendre comment ces attentes sont parfois perçues. Il faut ainsi adopter une approche qui favorise la motivation intrinsèque, c’est-à-dire celle qui pousse un enfant à apprendre pour lui-même, parce qu’il en voit suffisamment le sens et que cela lui procure une satisfaction personnelle.

1 – Pression parentale et anxiété de performance

Des travaux en psychologie démontrent que l’implication excessive, voire parfois anxiogène, des parents, constitue un facteur de risque majeur pour l’anxiété de performance chez l’enfant. Un enfant dont les parents expriment une anxiété liée aux résultats scolaires est susceptible de développer lui-même une anxiété scolaire. Or celle-ci peut impacter négativement ses performances.

Il ne s’agit donc pas de ne plus avoir d’attentes, mais de les formuler de façon constructive : encourager l’effort, la persévérance et l’autonomie, plutôt que de mettre l’accent sur les notes.

2 – Motivation intrinsèque vs extrinsèque : fondements psychologiques

Les expériences pionnières d’Edward L. Deci, publiées en 1971 (Journal of Personality and Social Psychology), ont montré que l’introduction d’une récompense matérielle (motivation extrinsèque, c’est-à-dire qui vient de l’extérieur) pouvait réduire la motivation intrinsèque. En revanche, le simple retour verbal (encouragements, feedbacks positifs) a tendance à la renforcer. Appliqué aux enfants, cela signifie que féliciter un élève pour son effort favorise son engagement durable plus efficacement qu’une récompense externe.

3 – Autonomie et styles parentaux

Les styles parentaux jouent un rôle déterminant dans la motivation et le bien-être des enfants. Le style démocratique — qui combine écoute, chaleur et encadrement — est associé à une estime de soi renforcée, une meilleure régulation émotionnelle et un développement de l’autonomie chez l’enfant.

À l’inverse, le style autoritaire, centré sur le contrôle strict et les résultats, est lié à une motivation extrinsèque plus marquée, et à des risques accrus pour le bien-être émotionnel. Il risque notamment d’induire une faible estime de soi et une anxiété plus élevée chez l’enfant.

4 – Conséquences cognitives de la pression excessive

Sur le plan cognitif, la pression scolaire peut entraver les processus d’apprentissage. Une surcharge émotionnelle (stress/performance) mobilise les ressources attentionnelles et exécutives, nuisant à la mémorisation et à la résolution de problèmes. Encourager l’enfant à verbaliser ses procédures, à réfléchir à ses méthodes, tout en maintenant un juste équilibre entre défi et soutien (ce que l’on nomme la zone proximale de développement), constitue une approche plus constructive.

5 – Conseils concrets et témoignage

Conseils pratiques pour les parents
  1. Valoriser l’effort : mettre l’accent sur le processus (démarche, efforts) plutôt que sur le résultat (notes).
  2. Encourager l’autonomie : donner à l’enfant, dans sa vie quotidienne, des responsabilités adaptées à son âge.
  3. Adopter un langage bienveillant : privilégier les feedbacks positifs.
  4. Dialoguer : écouter ses craintes et ses aspirations, sans jugement et sans pression.
  5. Respecter son rythme : valoriser sa curiosité, ses limites, ses progrès.
L’accompagnement de Quentin

Quentin, élève de 5ᵉ, travaillait régulièrement ses leçons mais, le jour des contrôles, tout semblait s’effondrer. « J’ai des trous noirs », disait-il. Ses parents, investis et soucieux de sa réussite, avaient pris l’habitude de suivre ses notes de près. Après chaque évaluation, ils analysaient le résultat avec lui, insistant sur les erreurs à corriger et rappelant l’importance « de ne pas se relâcher ».

Lors du premier entretien, Quentin, discret, regardait souvent le sol. En parlant de ses contrôles, il a confié : « J’ai peur de décevoir. Quand je vois la note, je me dis que papa et maman vont être tristes. » Ses parents, présents à l’entretien, ont semblé surpris. Ils ignoraient l’intensité de cette pression ressentie.

je leur ai proposé un exercice qui a permis de mettre une discussion en place. Les parents ont réalisé qu’ils valorisaient surtout le résultat (en toute bienveillance), alors que Théo, lui, associait ses efforts à son engagement et non à la note finale.

Nous avons alors mis en place un nouvel objectif : récompenser la démarche, plus que le résultat. Chaque semaine, Théo choisissait un contexte de travail où il montrait ses progrès à ses parents (un exposé préparé, une méthode de révision testée). Progressivement, ses « trous noirs » se sont espacés. Il a expliqué à ses parents que lors d’un contrôle de maths, il avait réussi à respirer, à se rappeler qu’il avait travaillé, et a terminer sereinement.

Quelques mois plus tard, les résultats de Quentin étaient plus stables, mais surtout, il disait avec le sourire : « Maintenant, j’ai moins peur ». Ses parents avaient ajusté leur approche : ils encourageaient, écoutaient et valorisaient ses efforts tout en ayant toujours un regard sur la progression de leur enfant.

6 – Conclusion : cultiver une motivation durable

Les attentes parentales sont naturelles et témoignent de leur amour mais la pression des parents sur la réussite scolaire peut avoir l’effet inverse de celui qui est attendu. Pour que ces attentes nourrissent plutôt qu’elles n’étouffent, il est essentiel de les formuler dans un cadre de valorisation de l’effort, de développement de l’autonomie et de respect du rythme de l’enfant. Favoriser la motivation intrinsèque, par l’encouragement, l’écoute et la confiance, aide l’enfant à s’engager dans son apprentissage avec plaisir, sens et résilience — et à construire une réussite véritable, alignée avec son bien-être.

Isabelle Bouttier

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